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Le Sénat fait le point sur la phagothérapie ( publication mars 2019)

29 mai 2019

la phagothérapie : un dossier qui avance lentement mais semble en bonne voie

Depuis plus de 10 ans, face à l’explosion de la résistance bactérienne, le LIEN milite pour la recherche sur les bactériophages, virus qui dévorent et donc détruisent certaines bactéries ; cette thérapeutique permet d’éviter des amputations et de sauver des vies de patients atteints des infections les plus graves, résistantes à tout antibiotique.
Cette thérapeutique connue depuis 100 ans et découverte par un français, était utilisée jusqu’à l’arrivée des antibiotiques, produits par l’industrie pharmaceutique, jugés plus pratiques et plus efficaces pour le traitement d’infections bactériennes ; disparue en France après la dernière guerre, la phagothérapie est pratiquée en Pologne, en Russie et en Géorgie.
L’antibiorésistance est un fléau qui s’est développé dans le monde entier. Aujourd’hui elle concerne tous les antibiotiques couramment prescrits ; on peut mourir d’une cystite à bactérie résistante ; certains antibiotiques les plus récents ne peuvent être administrés que dans des conditions particulières ( en réanimation par exemple) afin de les réserver aux cas les plus graves.
La phagothérapie, c’est-à-dire la destruction de bactéries par des bactériophages (virus) est une voie de recours lorsque toute antibiothérapie a échoué.
De rares patients font appel à la phagothérapie dans des conditions difficiles car cette thérapeutique n’a pas encore d’autorisation de mise sur le marché en Europe.
Dans ce contexte, le 21 mars dernier une question orale parlementaire a été posée et publiée au Sénat.
La phagothérapie a t elle un avenir ? question posée le Sénat.
« … certains patients se retrouvent donc en impasse thérapeutique suite à des infections résistantes et vont se faire soigner en Géorgie ou en Russie par la phagothérapie encore utilisée dans ces pays. Ce sont évidemment les personnes les plus aisées qui peuvent aller se faire soigner à l’étranger, alors que les autres meurent ou subissent des amputations. Ceci n’est pas acceptable. La phagothérapie peut être utilisée pour de nombreuses pathologies : infections urinaires, staphylocoques dorés, maladies nosocomiales, infections respiratoires, ostéo-articulaires, gynécologiques… Un premier comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) « phagothérapie » avait déjà été réuni à l’agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) en mars 2016. Il avait permis de faire un état des lieux sur des situations en impasse thérapeutique et de définir un cadre de mise à disposition précoce des bactériophages pour des utilisations compassionnelles, c’est-à-dire pour une médecine personnalisée. Mais celle-ci était beaucoup trop restrictive.
Depuis 2016, la situation a largement évolué : plusieurs mises à disposition de bactériophages ont eu lieu à titre compassionnel et de nouveaux essais cliniques sont susceptibles d’être réalisés en France courant 2019. En novembre 2018, le Gouvernement a annoncé le lancement d’un programme prioritaire de recherche de 40 millions d’euros pour lutter contre la résistance aux antibiotiques et en février 2019, l’ANSM a annoncé la création d’un nouveau CSST « phagothérapie – retour d’expérience et perspectives ».
Si ces initiatives vont dans le bon sens, des inquiétudes demeurent quant à la conclusion de ces travaux. Il lui demande donc de bien vouloir préciser le carnet de route du CSST, qui devrait inclure la possibilité de développer la culture locale des phages et permettre à chaque Français, quels que soient ses moyens, de pouvoir utiliser cette thérapie.

Réponse de Mme la secrétaire d’État auprès de la ministre des solidarités et de la santé
publiée dans le JO Sénat du 15/05/2019 - page 6319
« …. Vous avez raison, monsieur le sénateur, dans un contexte où la résistance des bactéries aux antibiotiques est un problème aigu et représente une menace croissante mondiale de santé publique, la phagothérapie peut être une solution à des situations d’impasse thérapeutique. Toutefois, il n’existe pas, actuellement, d’autorisation de mise sur le marché pour des bactériophages, notamment par manque de données cliniques.
Depuis 2016, près d’une quinzaine de patients en France ont bénéficié d’administration compassionnelle de bactériophages par les pharmacies à usage interne des établissements de santé. Ces utilisations ont été rendues possibles grâce à l’accompagnement personnalisé de l’ANSM pour chacun de ces cas. En ce qui concerne la recherche clinique, une équipe française de l’hôpital Percy, avec le financement de la Commission européenne, est la première au monde à avoir évalué l’efficacité de bactériophages.
Toutefois, … il apparaît nécessaire d’organiser et de sécuriser le circuit de recherche et de production de cette stratégie thérapeutique. …Le programme prioritaire de recherche sur l’antibiorésistance, annoncé à la fin de 2018, permettra également de financer des études de recherche sur le sujet…Il apparaît d’ores et déjà essentiel de mettre en place un réseau de recherche et d’expertise ainsi que de production répondant aux bonnes pratiques de fabrication afin de permettre une collaboration européenne et internationale sur ce défi de santé. Dans l’attente des conclusions définitives du CSST, qui s’est déroulé le 21 mars 2019, je peux vous assurer que la France continuera de se montrer porteuse dans la recherche de pointe au bénéfice des patients tout en garantissant leur sécurité »

Claude Rambaud

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