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COVID-19 : Le droit au respirateur vu du Canada

21 mai 2020

https://ici.radio-canada.ca/nouvell…

COVID-19 : Quels patients sous respirateurs ?
Débat en radio sur la politique de triage en ONTARIO
Publié le 4 avril
L’Ontario a établi un protocole d’éthique à l’intention du personnel de la santé au cas où une pénurie de respirateurs obligerait des médecins à faire des choix difficiles et privilégier certains patients par rapport à d’autres. Ces lignes directrices soulèvent toutefois des inquiétudes parmi des spécialistes, qui craignent que certains groupes ne soient laissés pour compte dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.

Extraits :
Le score de la fragilité clinique est lié à l’état d’une personne avec une maladie chronique, alors dans une situation où son état physique est en train de se degrader, il se peut bien qu’il y ait des statistiques qui indiquent qu’une telle personne a plus de risques de mourir même avec un respirateur dit Trudo Lemmens, professeur en droit médical

Protocole :
Approche sur les choix thérapeutiques
Les patients atteints de COVID-19 répertoriés en fonction de trois méthodes de triage selon la gravité de leur état lorsqu’il faudra prendre la décision malheureuse de leur accorder ou non un respirateur.

Le protocole de l’Ontario vise par ailleurs à accompagner les médecins dans leurs démarches pour éviter de vivre avec un sentiment de culpabilité à la suite de choix difficiles.

Niveau 1 (pénurie modérée) : les patients qui affichent un taux de mortalité prévisible de plus de 80 % ne pourront plus recevoir un respirateur.

Niveau 2 (pénurie sévère) : seront exclus les patients qui ont plus de 50 % de chance de mourir même avec un respirateur selon plusieurs facteurs de comorbidité.

Niveau 3 (pénurie critique) : seuls 30 % des patients auront droit à un respirateur.

Qui sauver, qui sacrifier ?

Kerry Bowman, bioéthicien affirme que l’objectif est de maximiser le nombre de vies grâce à un système de triage complexe, même si le protocole n’est pas parfait. Il est très difficile à l’heure actuelle de savoir le taux exact de mortalité des patients, parce qu’on en connaît encore très peu au sujet de ce nouveau coronavirus, poursuit-il.

La période de survie sera critique, même pour le patient sous respirateur, parce que vous ne voulez pas qu’il reste branché durant 3, 6 ou 9 semaines pour pouvoir le lui retirer et le donner à un autre dans un état critique… le défi sera immense.

Le spécialiste en droit médical, Trudo Lemmens, de la même université, souligne au sujet du dernier scénario que bien des personnes ayant pourtant une chance significative de survie seront sacrifiées. On ne va accorder la priorité qu’aux patients qui ont une très grande chance de guerison. dit il

Les critères évoqués ont l’apparence d’être neutres et basés sur des facteurs cliniques, mais ceux qui travaillent avec des personnes handicapées vous diront qu’il existe [dans notre société] beaucoup de présomptions sur la qualité de vie liée à leur handicap, dit-il en rappelant que ces perceptions ne sont pas forcément justes par rapport à la réalité que vivent ces gens.

M. Lemmens dit craindre que le score de fragilité clinique que la province a établi mette immédiatement des gens avec un lourd handicap hors jeu dans le groupe des patients qui auront droit à un respirateur.

Le protocole ne dit toutefois pas explicitement que les personnes ayant un handicap devront être sacrifiées en premier.

Le score de la fragilité clinique est lié à l’état d’une personne avec une maladie chronique, alors dans une situation où son état physique est en train de se degrader, il se peut bien qu’il y ait des statistiques qui indiquent qu’une telle personne a plus de risques de mourir même avec un respirateur.

Trudo Lemmens, professeur en droit médical
Selon M. Lemmens, l’équité nécessiterait une approche très différente, parce qu’une personne lourdement handicapée peut avoir la même qualité de vie qu’une personne en bonne santé et indépendante. Aucune forme de discrimination ne peut être associée selon lui à une méthode de triage.

L’Association canadienne des médecins pour la vie aurait aimé que ce protocole de la dernière chance insiste sur la dignité de la personne. Tout le monde mérite d’être soigné selon les meilleures capacités médicales et il serait arbitraire et mal venu d’abandonner des personnes âgées sous prétexte qu’elles sont moins utiles pour la société, explique sa directrice générale, Nicole Scheidl.

Notre société sera condamnée si elle décide de sacrifier les personnes faibles et vulnérables au profit des plus jeunes et en santé dit Nicole Scheidl, Association canadienne des médecins pour la vie
Kerry Bowman précise néanmoins que les patients qui n’auront pas droit à un ventilateur ne seront pas laissés pour compte pour autant et qu’ils recevront toute l’attention du personnel médical. Il admet qu’ils n’auront toutefois presque aucune chance de survie à la lumière des données qui proviennent de Chine et d’Italie.

M. Bowman affirme que le Canada n’est pas l’Italie et que les deux pays ont des cultures bien différentes. En Italie, il a été décidé de retirer les respirateurs à ceux qui avaient plus de 60 ans… ce ne sera pas le cas ici, parce que nos décisions sont prises en fonction de la charte pour l’intérêt du public et pour refléter les valeurs canadiennes, explique-t-il.

Nicole Scheidl souligne qu’il est facile dans un tel contexte de perdre toute humanité. Chaque patient mérite de recevoir les meilleurs soins, mais face à des choix difficiles, les professionnels de la santé risquent de souffrir de problèmes de santé mentale une fois la crise terminée, précise-t-elle.

Ceci est un débat qui se passe au Canada et se partage avec la population ;
Nous n’avons pas eu de débat public en France ; le débat s’est déroulé dans des sphères d’experts, médecins, réanimateurs, juristes et spécialistes de réflexion éthique.
Pourtant des choix ont dû être faits et des patients ont été exclus de l’accès à un respirateur, parfois même de l’accès aux unités de soins.

La recommandation majeure que l’on peut faire à tous, en particulier aux personnes atteintes de maladies chroniques graves ou présentant des facteurs de risques élevés comme les patients plus âgés ou obèses, est de bien respecter les mesures de prévention, porter obligatoirement un masque dans la sphère publique, ou tout lieu où l’on fait des rencontres, éviter les diners « en ville » avec des personnes qui peuvent être trop rapprochées car il faut enlever son masque pour boire et manger ; on finit par discuter sans le porter.
Ne pas oublier que , outre les porteurs sans symptômes, toute personne porteuse est contagieuse deux jours avant l’appartion des symptomes.
Nul ne sait si son interlocuteur non symptomatique n’est pas déjà contagieux, et les brumes projetées par la respiration sont des aérosols porteurs du coronavirus qui restent en l’air dans un périmèttre de un mètre 50, et plus longtemps que les gouttelettes plus lourdes projetées par toux ou éternuement,

Autre publication canadienne

https://www.inspq.qc.ca/sites/defau…

Même si plusieurs valeurs sont sollicitées dans une situation de pandémie, certaines nous apparaissent incontournables pour guider la réflexion éthique. Elles sont présentées sous la forme de définitions brèves, sans prétention à l’exhaustivité. Ces valeurs entrent souvent en tension les unes avec les autres, et le défi éthique principal consiste alors à arbitrer les conflits de valeurs, qui ne peuvent pas être résolus a priori pour l’ensemble des situations. L’analyse éthique s’applique à ce moment à faire l’arbitrage entre ces valeurs, à trouver des points d’équilibre justifiables au regard de chaque situation concrète considérée.
Ces valeurs sont :
 La bienfaisance
 La prudence
 La justice
 La responsabilité
 La non-malfaisance
 La solidarité
 La confiance
 La transparence
 Le respect de la confidentialité
 La proportionnalité
 La liberté

Claude Rambaud

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